Indonésie / Java
Cet archipel du sud-est asiatique, dont les îles se situent de part et d’autre de l’équateur, est le troisième producteur mondial de cacao. Le cacao y fut importé au XVIIe siècle, des Philippines, alors sous domination espagnole. Au XVIIIe siècle, la Compagnie des Indes néerlandaises s’efforça d’en encourager la culture dans l’île de Java, mais en vain ; les épices étaient plus rentables. La tentative fut renouvelée par les Hollandais à la fin du XIXe siècle, pour remplacer à Java le café dont les plantations avaient été détruites par la rouille, en 1877 (1). L’entreprise échoua, d’autant que la plupart des terres furent alors replantées de Robustas, plus résistants à la maladie. La production cacaoyère devait rester très faible, et les exportations se limiter à quelque 1 000 tonnes au début du XXe siècle. Dans les années 1910, le cacao de Java provenait principalement des plantations établies au nord de l’île. Plus de la moitié était exportée à partir du port de Samarang, et le reste, à partir de Batavia ou Soerabaja, notamment. La plus grande partie de ce cacao était revendue sur les marchés d’Amsterdam et de Rotterdam, à divers pays (Angleterre, Amérique du Nord, Australie,etc.). jusqu’à l’indépendance (1947), la situation n’évolua pas.
1915-1920.
A Bali - Photo Ingo Schulz
(1) Jusqu’à cette date, l’île était le premier producteur mondial de café.
(2) Ellen Hanak Freud, Philippe Petithuguenin, Jacques Richard, Les champs du cacao, 2000.
il fallut attendre la fin des années 1960 pour que la cacaoculture prenne un essor fulgurant — de 12 000 hectares en 1970 les surfaces plantées passèrent à 600 000 hectares en 1994. elle s’inspira du modèle malais, axé sur la « promotion d’un secteur d’exportation diversifié » (2). Elle se répartit entre plantations familiales, exploitations d’état et grandes plantations agro-industrielles. Si l’état opta pour les plantations héritées des Hollandais — à Java, notamment —, les exploitations privées s’établirent principalement à Sumatra, et les plantations familiales se concentrèrent essentiellement dans l’île de Sulawesi. L’évolution devait se faire en faveur des petites exploitations familiales. Celles-ci, qui, initialement n’assuraient qu’un peu plus de 40 % de la production, en couvrent aujourd’hui 75 %, alors que le verger étatique, qui fournissait un tiers de la production nationale, n’en fournit plus que 15 %. A la différence de ce qui s’est passé en Malaisie, cette prédominance du secteur familial a quelque peu préservé l’économie cacaoyère indonésienne des fluctuations du marché, et la progression de la production n’en a pas été affectée. En 2008, 4 millions d’hectares étaient consacrés à la cacaoculture. L’île de sulawesi se trouva ainsi au cœur du boom cacaoyer. Ses exportations, inexistantes à la fin des années 1970, s’élevèrent à 300 000 tonnes en 2000. Sa production représente aujourd’hui 60 % de la production indonésienne. Cet essor revient aux familles de bugis, qui migrèrent du sud et du centre de la province du sud vers le nord et vers les provinces voisines du sud-est et du centre ; elles y plantèrent des cacaoyers. Les rejoignirent des familles balinaises incitées par les programmes gouvernementaux de transmigration à exploiter des cultures vivrières et qui optèrent alors aussi pour la cacaoculture.
Cependant, à partir de juillet 2010, le pays a souffert d’un excès de précipitations dans le Sulawesi, et la production s’en est ressentie. Cette baisse a, toutefois, été un peu compensée par la hausse de production des nouvelles plantations de Sumatra. En dépit de ces aléas climatiques, le gouvernement indonésien s’est fixé pour objectif d’atteindre une production de plus d’un million de tonnes d’ici 2015 à 2020. La productivité annuelle de 700 à 800 kg à l’hectare devrait atteindre 1,5 à 2 tonnes. La qualité est plutôt médiocre, à l’exception de certaines plantations de Java qui produisent du cacao fin. De fait, le pays, qui, en 2012, représentait 84 % de la part de l’Asie dans la production de cacao, fournit 10 % de cacao fin, cacao à casse claire constituant la qualité « java a » ; les plantations concernées se situent dans les hautes terres, au-dessus de 300 mètres d’altitude. alors que les cacaos standards sont produits dans les terres basses. Des efforts sont faits pour inciter les planteurs à produire des fèves de qualité : campagne d’information, cours dispensés dans les villages, facilités de crédits, etc. organisme professionnel réunissant les exportateurs, l’association indonésienne du cacao (askindo), dont le siège est à jakarta, encourage cette démarche. Par ailleurs, suite à l’établissement d’une taxe à l’exportation, aujourd’hui, une grande partie du cacao indonésien est transformé sur place.
Quant à la consommation de ce pays, elle n’est que de 0,8 kg per capita et par an. Mais sans doute est-elle appelée à progresser comme en Chine et en Inde.
Le cacao indonésien
Cacao fin, à casse claire, le Java A se caractérise par un arôme équilibré, une rondeur en bouche et un léger goût de noisette. Trois jours de fermentation assurent le développement de sa saveur. il est surtout utilisé pour la confection de couvertures lactées et pour les enrobages. Le Java présente un arôme très parfumé, un goût très boisé, grillé, aux notes de caramel, et une légère astringence. Très parfumé, le Sumatra est de goût plutôt acide ; il est court en bouche.
Indonésie :
production de cacao
en milliers de tonnes
1960-61 1,031
1961-62 0,897
1962-63 0,824
1963-64 0,945
1964-65 1,110
1965-66 1,172
1966-67 1,233
1967-68 1,204
1968-69 1,763
1969-70 1,738
1970-71 2,009
1971-72 1,801
1972-73 1,813
1973-74 3,191
1974-75 3,921
1975-76 3,909
1976-77 4,816
1977-78 5,496
1978-79 8,632
1979-80 10,284
1980-81 13,137
1981-82 17,260
1982-83 19,640
1983-84 26,502
1984-85 33,798
1985-86 34,327
1986-87 50,199
1987-88 79,335
1988-89 110,509
1989-90 142,347
1990-91 174,899
1991-92 207,147
1992-93 258,059
1993-94 241,701
1994-95 278,400
1995-96 350,800
1996-97 329,700
1997-98 456,499
1998-99 367,475
1999-2000 421,142
2000-01 536,804
2001-02 619,192
2002-03 695,361
2003-04 691,704
2004-05 748,827
2005-06 769,386
2006-07 740,006
2007-08 803,593
2008-09 809,583
2009-10 844,626
2010-11 712,200
2011-12 ????
2012-13 ????
[Source : FAO.]