Un « chocolat blanc » au XVIIIe siècle
« Chocolat blanc pour les poitrines délicates, par le Sieur Martin, Apothicaire, rue & près la Croix-des Peiits-Chanps
Le cacao a toujours été regardé avec raison comme un bon aliment très utile dans l'étisie & la phtisie, propre à adoucir l’acrimonie des humeurs & à fortifier l’estomac : cependant M. Lieutaud, dans sa Matière Médicale, observe que si le cacao ne se trouvoit pas mêlé, comme il l’est dans l’usage ordinaire, avec des substances aromatiques, on ne pourroit pas le mettre au nombre des médicaments stomachiques. Suivant l’opinion de cet Auteur respectable, il mérite mieux une place parmi les remèdes adoucissants : c’est à cause de cette propriété que l’on prépare quelquefois avec six ou huit amandes de cacao torréfiées une émulsion propre à soulager les personnes qui toussent beaucoup : à cet usage près, 1e cacao ne s'emploie guère que pour le chocolat. Le Sieur Martin a pensé qu’il étoit intéressant de préparer avec la partie huileuse essentielle du cacao un chocolat blanc qui ne reçoit dans sa composition aucune espèce d’aromate, & que plusieurs personnes de l’Art ont administré fructueusement dans différentes maladies de la poitrine, surtout dans la toux & les catarres.
Cette espèce particulière de chocolat convient aussi aux personnes épuisées. La manière d’en faire usage consiste à en dissoudre une prise (ce qui fait la quatrième partie d’une tablette) dans une tasse d’eau bouillante. On la prend ordinairement en se mettant au lit, observant de mettre deux heures d’intervalle après le souper. Ce chocolat peut aussi servir de déjeuner, étant très agréable au goût. La boisson qui paroit être la plus analogue pendant le cours de la journée est composée avec la poudre pectorale que l’on met dans une suffisante quantité d’eau. »
Gazette du commerce, 29 juillet 1777
Un « chocolat économique »
« On fait en Alsace une espèce de bouillie légère à laquelle on donne le nom de chocolat économique ; elle n'a pas vraisemblablement toutes les propriétés du vrai chocolat, mais elle en a la couleur & le goût ; & de plus elle est très nourrissante. On met dans un pot ou chaudron de fer sur le feu, deux cuillerées de bonne farine ; on la fait bien roussir à sec en la remuant toujours avec une cuiller ou spatule de bois : quand elle est presque noire, on y verse doucement une pinte de lait, en remuant toujours la farine ; on y met ensuite un peu de cannelle avec une quantité suffisante de sucre ; on laissa bouillir le tout aussi longtemps que le chocolat, sans cesser de le remuer ; quand il est cuit, on y délaye un ou deux jaunes d'œuf & on le retire. Affiches des Trois Evêchés »
Gazette du commerce, 8 juin 1771
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