Delespaul-Havez
(France)
Henri-Victor Delespaul et son épouse, Émilie Havez créèrent, vers 1830, une fabrique de dragées et de chocolat, à l’enseigne « Au Parrain Généreux », rue Faidherbe,à Lille (Nord). En 1848, par besoin d’extension, les ateliers furent transférés au 98 rue Nationale. Reprise en 1893 par l’ingénieur Hector Franchomme (1860-1939) et un certain Fauchille, la firme Delespaul-Havez connut alors une forte expansion. Elle s’établit en 1899 dans une nouvelle usine édifiée à Marcq-en-Barœul et s’y ouvrit à d’autres activités (biscuiterie, notamment). Souvent récompensée dans le cadre des grandes expositions internationales entre 1868 et 1930, hors concours lors de l’Exposition universelle de 1900, elle produisait au début du XXe siècle un chocolat de qualité supérieure, « garanti pur cacao et sucre très broyé et bien vanillé », aux prix de 3 f., 2 f. 50, 2 f., 1 f. 80, 1 f. 60 les 500 grammes. Outre les articles de confiserie de sucre, une vingtaine de sortes de chocolat était fabriquée, à partir du cacao colombien acheminé par chemin de fer depuis le port de Dunkerque. Ses spécialités chocolatières étaient : le chocolat à croquer, les gros Bonbons Chocolat, les Pralines Chocolat à la crème et au Praliné, les Margotins, les Langues de Chat et les Pastilles chocolat. Dévastée en 1914, la chocolaterie subit un incendie en 1922 et fut reconstruite peu après. Elle comptait plus de 100 ouvriers en 1919 et atteignit, plus tard, le nombre de 350 à 400.
Après les restrictions liées au Second conflit mondial et les rationnements qui se poursuivirent jusqu’à la fin des années 1940, une étude marketing montra que les enfants aspiraient à une friandise à la fois plus « adulte » et plus souple que la sucette, et déboucha sur l’idée d’un caramel au chocolat, destiné aux 7-12 ans et pas cher. André Fauchille, directeur général de l’entreprise après la guerre, le souhaita gros et long. La réalisation fut menée à bien par Augustin Gallois, directeur technique, qui adapta deux machines pour obtenir une barre de 10 g et de format 12 x 12 x 62 mm. Ainsi naquit en 1954 le Caram’bar (orthographié Carambar en 1977), bâtonnet enveloppé d’une papillote jaune et fuchsia. La production débuta au rythme de 350, puis de 600 pièces à la minute, les bonbons étant conditionnés en boîtes de 200. Le succès fut immédiat et si grand que d’autres machines durent être modifiées.
Reprise en 1965 par la Générale Alimentaire, qui possédait, entre autres, La Pie Qui Chante et Vandamme, la firme vit en 1968 sa production réduite au seul Carambar, à Marcq-en-Barœul. Au sein du groupe, elle fusionna en 1972 avec La Pie Qui Chante, qui, en 1981 devait fusionner avec Vandamme. En 1998, presque vingt ans après l’absorption de la Générale Alimentaire par le groupe BSN (1980), elle allait se retrouver dans le giron de la multinationale Cadbury-Schweppes, à laquelle BSN (devenu entre-temps Danone) céda son secteur « sucré ». Le marché européen du Carambar s’en trouva considérablement élargi. À noter que son immense popularité avait amené la S. A. Vandamme-La Pie qui Chante à fabriquer, en 1993, le plus gros Carambar jamais fabriqué : 212 kg pour 405 cm. Enfin, en 2010, avec la main mise du groupe américain Kraft Foods sur Cadbury, la marque Carambar fut intégrée dans une nouvelle structure, Mondelez International. Hors les divers parfums qui constituent aujourd’hui sa gamme et d’où le chocolat est écarté, elle a lancé en 2009 les Carambar Cub’s, bonbons de forme cubique, au caramel (recette d’origine) ou pralinés, et, dans les deux cas, enrobés de chocolat noir.
En revanche, moins chanceux que le Carambar, les chocolats Laitta, au lait et Corona, à croquer, de Delespaul-Havez, furent cédés en 1976 à la société de confiserie Baryse-Delespaul, pour disparaître peu après.
Il convient d’observer qu’était aussi produit, à Lille (10 rue Royale), un chocolat Watrelot-Delespaul, et que c’était là, à la fin du XIXe siècle, « la seule fabrique du Nord ayant obtenu pour ses Chocolats une médaille à l’Exposition Universelle de Paris 1878 ». Celle-ci confectionnait un « chocolat de santé » et un « chocolat vanille », chaque catégorie comportant quatre qualités (Fin, Superfin, Extrafin, Supérieur) et, donc, quatre prix différents. Cette maison émit quelques chromolithographies au tournant du XXe siècle.
La publicité
Vers 1900, Firmin Bouisset réalisa une affiche pour le « Chocolat Delespaul-Havez 123 rue Nationale Lille » (99 x 138 cm, Camis, Paris) : deux garçonnets et une fillette s’affairent autour d’une malaxeuse de laquelle ils récupèrent des tablettes de chocolat. C’est en 1925 que fut réalisée la célèbre affiche montrant huit enfants attablés devant leur chocolat chaud — au-dessus de chaque gourmand, une lettre du mot « chocolat » fond et coule dans sa tasse. Cette image se retrouva en plaque émaillée (Émaillerie Alsacienne, 1950, 60 x 42 cm).
Les chromos éditées par cette firme abordent divers sujets, tels que Les Grands Martyrs. Au début des années 1930, le Jeu du Chocolat Delespaul-Havez (Imageries Réunies de Jarville, Nancy) était, en fait, un jeu de l’oie sur carton, conçu autour du cacao, de la fabrication du chocolat et des produits de l’entreprise (« Caramels au beurre » D-H, « Chocolat à croquer Corona », « Laitta le meilleur chocolat au lait », etc.). Des protège-cahiers reprirent les bambins de la célèbre publicité, placés dans un cadre bucolique, en Hollande, à la campagne ou à la montagne. Dans les années 1960, le temps de sept albums couvrant divers pays des cinq continents (Belgique, Grande-Bretagne, Brésil, Suisse, Australie, etc.), les tablettes de chocolat renfermèrent des petites photographies (7 x 5 cm) pour les garnir. La chocolaterie proposait de délivrer aux clients la photographie manquante en échange de trois photos faisant partie de leurs doubles.
Dès sa création, le Carambar se vit attribuer pour emblème le visage réjoui d’un garçonnet, conçu par le graphiste Omer Boucquey (1921-2003) qui avait déjà réalisé deux dessins animés publicitaires pour l’entreprise. Des images à tirette permettaient de lui faire tirer la langue et tourner les yeux. Cette friandise inspira des voitures miniatures à son nom. Mais, surtout, chaque bonbon donnait droit à un point D. H. (Delespaul-Havez) — de même en était-il des tablettes de chocolat (10 ou 20 points). Ces points permettaient d’obtenir toutes sortes de cadeaux (photo de vedette, petite voiture, puzzle, poupée, ballon de football, etc.). En 1969,des blagues remplacèrent les points D.H. sur l’emballage du Caram’Bar. À l’époque, l’envoi d’une bonne blague, sélectionnée, permettait de gagner son poids en bonbons. Cet avantage disparut par la suite.
La chocolaterie Delespaul-Havez émit aussi des buvards, des découpages publicitaires (camion, etc.), porte-clefs, etc. Omer Boucquey dessina aussi le petit bonhomme des tablettes Laitta et Corona.
Firmin Bouisset, 1892, imp. Camis, Paris.
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Commentaires
Bonjour et merci pour ces informations qui me replongent dans mon enfance , les caram'bars et la collection de points DH. Savez vous par qui a été réalisé le visuel présentant les huit enfants sous les lettres de CHOCOLAT. Ce visuel date de 1925 et Firmin Bouisset est mort en 1925. Sa notice Wikipédia ne pas allusion à cette création.
Merci beaucoup
Denis Tison
Il me semble qu'il y avait un magasin expo rue nationale,style art deco,là ou il y a la banque barclay.