Chocolaterie de la Grande-Trappe
(France)
Cette chocolaterie appartenait à l'abbaye Notre-Dame de la Trappe (appelée la Grande-Trappe jusqu'au début du XXe siècle), maison mère de l'ordre, sise à Soligny-la-Trappe (Orne). Malmené par la Révolution, le monastère fut reconstruit à partir de 1829, et son église, consacrée en 1831. Au fil du XIXe siècle, il ne cessa de se moderniser et d’élargir le champ de ses activités — pharmacie, imprimerie, orphelinat, hôtel… et chocolaterie.
Coll. A. P.-R.
En 1894, Louis Rivière décrit cette partie ouvrière du monastère : « C'est d'abord la fabrique de chocolat, qui est la spécialité des Trappistes, comme les liqueurs pour les Chartreux et les Bénédictins. Pièce par pièce, l'on peut suivre toutes les phases de la fabrication. Le cacao, brûlé et torréfié, est broyé sous des meules en acier, qui le réduisent en poudre fine ; puis d'autres appareils s'en emparent pour en faire une pâte compacte qui, mélangée à une certaine quantité de sucre et de vanille, se transforme en chocolat. On le coule alors dans des moules qui sont placés sur une table spéciale ; celle-ci reçoit, par une courroie de transmission, un mouvement de trépidation continu qui permet à la pâte de se tasser et de remplir complètement les moules ; cette trépidation cause d'ailleurs un fracas assourdissant, et l'on croirait entrer dans quelque atelier infernal. Si, après être devenu sourd, l'on tient à fondre petit à petit, on n'a qu'à faire quelques pas pour se trouver dans l'étuve où se conserve le chocolat à l'état pâteux, et dans laquelle règne une chaleur constante de soixante degrés.
Les opérations terminées, il ne reste plus qu'à retirer des formes, les pains de chocolat ainsi obtenus, et à les empaqueter. Tous ces ouvrages sont remplis, sous la direction d'un moine, par les petits orphelins, qui paraissent s'acquitter de leur tâche en ouvriers consommés. L'orphelinat, du reste, ne date que de quelques années ; auparavant le travail était fait par les pensionnaires de la colonie pénitentiaire que tenaient les Trappistes, par les “ colons ” comme on les appelait ; les jeunes brebis n'étaient pas toujours faciles, paraît-il, à maintenir au travail, et les gendarmes avaient parfois l'occasion de remettre quelque fugitif entre les mains du berger.
À côté des bâtiments d'où nous sortons, l'on nous fait voir le générateur qui distribue la force motrice dans tous les ateliers ; c'est une vieille machine à labourer, forte de trente chevaux, et dont les longues, bielles oscillent dans le vide avec des déhanchements de télégraphe aérien. Tout auprès, la scierie mécanique, également actionnée par la vapeur, débité avec une régularité mathématique les cubes de pierre qui servent aux constructions nouvelles. » (Musée des Familles, 8 novembre 1894.)
Coll. A.P.-R.
Au tournant du XXe siècle, la production de l’abbaye était déjà commercialisée dans une dizaine de magasins spécialisés, à Paris. Mais vint la Grande Guerre, l’abbaye fut transformée en hôpital militaire, et la chocolaterie en « usine de guerre ». Ce qui amena inéluctablement à la faillite en 1934.
La publicité
Mich (1881-1923), 1921.
Les cartes postales
Coll. A. P.-R.
Petit livret (rare)
8 x 12 cm, 16 pages, coll. A. P.-R.
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