Nigeria
Vaste quadrilatère étendu du 5e au 15e degré de latitude Nord et ouvert au sud sur l’océan Atlantique, cet état d’Afrique de l’Ouest, indépendant depuis 1960, se caractérise par une grande diversité de climats et de végétations. Le cacao y aurait été introduit vers 1874 via l’île espagnole de Fernando Pô, lorsqu’un chef de tribu, Squiss Ibaningo, créa une plantation à Bonny, à l’est du pays. À la fin des années 1880, le gouvernement en aurait encouragé la culture en distribuant des jeunes plants, produits dans le jardin botanique d’Ebute-metta (Lagos). Néanmoins, les premières plantations à des fins commerciales virent le jour près d’Ibadan. C’est, en effet, dans la partie méridionale du pays, domaine de la forêt dense et de la savane arborée, marquée par le delta du Niger et dotée d’un climat équatorial, que s’est installée la culture du cacaoyer — notamment, dans les régions de Lagos, d’Ibadan et d’Agrege. Élément de la polyculture traditionnelle, elle y est favorisée par la petite saison sèche (en août), qui permet la récolte du cacao. Les Yorubas, paysans et commerçants établis dans le sud-ouest (Cocoa Belt), l’initièrent et la pratiquent ; elle est le fait des hommes, les cultures vivrières étant laissées aux soins des femmes. À la fin des années 1960, elle ne constituait que 5 à 10 % de la production provenant des grandes plantations — au pays Yoruba, la majeure partie des terres (70 %) furent longtemps la propriété de grandes familles ou de lignages. Par ailleurs, le cacao est aussi cultivé dans la région de Calabar, au sud-est, près de la frontière avec le Cameroun.
Selon les sources, la première exportation de fèves de cacao remonte à 1895 ou 1910. Quoi qu’il en fût réellement, les techniques restèrent longtemps rudimentaires, les traitements irréguliers, ou inexistants, et le rendement plutôt faible, dû, notamment, au fait que les arbres étaient souvent très serrés (jusqu’à 4 000 à l’hectare). L’essor démarra véritablement au début du XXe siècle. L’expansion des cacaoyères est parlante : 183 ha en 1900, 4 082 ha en 1912, 400 000 ha en 1945, 408 163 ha en 1958 et 650 000 ha en 2004. Les efforts gouvernementaux entrepris dans les années 1940 pour former les planteurs aux techniques appropriées de fermentation et de séchage des fèves, ainsi que les subventions qu’il accorda après la Seconde guerre mondiale vinrent soutenir la forte volonté des agriculteurs de réussir et de développer cette culture — sans, pour autant, abandonner les cultures traditionnelles. Si, au début des années 1950, chaque planteur possédait, en moyenne, 0,6 hectares, ce chiffre oscillait, vingt ans plus tard, entre 2 et 5 hectares, en sachant que ces petites exploitations représentaient environ 90 % de la surface cacaoyère globale. La production évolua beaucoup en qualité et en quantité à partir de 1960, et, en 1965, le Nigeria passa au deuxième rang mondial, en assurant 18 % de la production mondiale (contre à peine 2 % un demi-siècle plus tôt). en 1973, le cacao constituait 16 % des exportations totales du pays. Lagos s’imposa comme le grand port d’embarquement du cacao. À partir de 1971, en partenariat avec la banque mondiale, l’État nigérien lança un programme visant à accroître la production, en replantant à grande échelle (184 000 ha) et en créant de nouvelles plantations (37 600 ha). À cette fin fut alors créé le National Cocoa Development Committee (NCDC).
1959 Adamo Village, fermier Yoruba et sa famille photo © Eliot Elisofon
Ce fut alors que le boom pétrolier (1973-1985) provoqua une ruée des ruraux vers les nouveaux emplois et, de ce fait, un déclin de la cacaoculture. Contrôlée par le Nigerian Cocoa Board jusqu’en 1986, la production fut ensuite libéralisée. S’ensuivit un envol des exportations… et de la spéculation. En découla une dégradation de la qualité du cacao. Créée en 1986, la Cacao Association of Nigeria s’efforça de gérer au mieux la situation, malgré les fluctuations des cours, ainsi que le vieillissement et l’appauvrissement des plantations. En 2006, quatorze états sur trente-six produisaient du cacao à différents niveaux quantitatifs : forte production (Ondo, Cross River, Osun), production moyennne (Edo, Ogun, Oyo, Ekiti, Abia, Delta, Akwa-Ibom) et petite production (Kwara, Kogi, Taraba, Adamawa) [1]. La région de l’Ouest domine cette économie pour 94 %. La majeure partie des plantations ont aujourd’hui moins d’un hectare et ont été créées entre 1945 et 1965. Le rendement reste faible ; la production a chuté de 26 % en trente ans. La population qui en vit est plutôt âgée. les prix connurent une hausse fulgurante au tout début des années 2010 — un record en trente ans, du essentiellement à la crise politique en côte-d’ivoire. Mais, après la récolte 2010-2011, favorisée par d’abondantes précipitations, les Nigériens furent confrontés à une baisse des prix du cacao. Lequel demeure, pour eux, un produit de base, dont les exportations constituent un facteur significatif du développement économique de leur pays.
Le Nigeria débuta sa cacaoculture avec l’amelonado. Suite aux ravages opérés par le swollen shoot (voir cacaoyer) dans les années 1930, cette variété, particulièrement sensible à ce virus, céda place, dès les années 1940, à un forastero amazonien plus résistant. Le Coco Research Institute of Nigeria (CRIN), créé en 1964 à Ibadan (2), s’efforce d’introduire de nouveaux cultivars, qui résistent également à la redoutée maladie de la « pourriture brune des cabosses » et permettent d’obtenir un haut rendement à l’hectare (1 500 à 2 700 kg de cacao sec). La récolte a lieu deux fois par mois pour la saison principale (août-janvier) et au moins une fois par mois pour la saison intermédiaire (février-mai).
En circulation de 1973 à 1986
(1) Source : Cocoa Research Institute of Nigeria, 2006.
(2) Il possède six stations réparties dans six États (Taraba, Kogi, Edo, Cross-River, Ondo, Abia).
1953
Le cacao du Nigeria
Parfumé et puissant, il se caractérise par une certaine amertume.
Nigeria : production de cacao
en milliers de tonnes
De 1 000 t en 1903-1904 la production passa à 9 000 t (1914-1915), 15 000 t (1916-1917), 36 000 t (1922-1923), 55 000 t (1928-1929), 96 000 t (1935-1936).
1936-37 106,00
1937-38 100,00
1938-39 118,00
1939-40 109,00
1940-41 103,00
1941-42 101,00
1942-43 113,00
1943-44 72,00
1944-45 87,00
1945-46 105,00
1946-47 113,00
1947-48 76,00
1948-49 111,00
1949-50 101,00
1950-51 112,00
1951-52 110,00
1952-53 111,00
1953-54 99,00
1954-55 91,00
1955-56 116,00
1956-57 137,00
1957-58 82,000
1958-59 142,000
1958-59 157,000
1959-60 198,000
1960-61 197,000
1961-62 182,000
1962-63 223,000
1963-64 298,300
1964-65 184,600
1965-66 267,200
1966-67 238,000
1967-68 191,800
1968-69 220,800
1969-70 304,800
1970-71 256,600
1971-72 241,100
1972-73 215,000
1973-74 214,000
1974-75 216,000
1975-76 181,000
1976-77 193,000
1977-78 157,000
1978-79 151,000
1979-80 153,000
1980-81 174,000
1981-82 156,000
1982-83 140,000
1983-84 160,800
1984-85 160,000
1985-86 148,000
1986-87 150,000
1987-88 253,000
1988-89 256,000
1989-90 244,000
1990-91 268,000
1991-92 292,000
1992-93 306,000
1993-94 323,000
1994-95 203,000
1995-96 323,000
1996-97 318,000
1997-98 370,000
1998-99 225,000
1999-2000 338,000
2000-01 340,000
2001-02 362,000
2002-03 385,000
2003-04 412,000
2004-05 441,000
2005-06 485,000
2006-07 360,570
2007-08 367,020
2008-09 363,510
2009-10 399,200
2010-11 400,000
2011-12 ???????
2012-13 ????????
[Source : FAO.]