Janvier 2024
La toilette de Mars
Au XVIIIe siècle, à Annonay, dans le Vivarais, le sieur Fourneron l'aîné a mis au point un « équipage militaire et de campagne », désigné sous le nom de « toilette de Mars ». Cet équipage « contient deux petits coffrets, qu’on peut mettre dans les deux sacoches du cheval sans qu’elles en soient trop enflées. Voici un détail abrégé de ce quelles contiennent : un fourneau d’une invention singulière, par le moyen duquel on peut apprêter son chocolat, son bouillon, café, thé &c, dans la moitié moins de temps que sur un grand feu de bois ou de charbon : c’est au moyen d’une petite quantité d’esprit de vin, qu’on allume le fourneau, qu’on en entretient le feu & qu’on le rend suffisant pour apprêter ce que l’on veut. Le même coffre renferme un cafetières, une théière, quatre tasses : l’on peut faire le thé & le café tout à la fois par la même lampe & le même fourneau, ou préparer un bouillon & du chocolat en même temps : l’on peut le faire du lit, sans se lever, que pour battre le briquet, & allumer le fourneau ; on peut même l’allumer à cheval, à table, partout ou l’on veut, l'on peut maintenir par son moyen un bouillon chaud pendant la nuit, la lumière n’incommode point & ne fait pas de fumée. Pour prendre le café, &c. il y a quatre cuillères de composition, quatre sous-tasses qui peuvent servir d’assiettes au besoin ; deux boîtes qui s’emboîtant, font une tourtière pour faire une grillade, cuire un poulet, unc rouelle, &c. Une boîte pour mettre les assaisonnements & épiceries, poivre, sel &c. Deux bouteilles pour l’huile & vinaigre, une troisième pour la liqueur, un moulin à café, quatre fourchettes, quatre gobelets, une boîte à mettre 18 onces d’esprit de vin, laquelle quantité suffit pour quinze apprêts, une poêle à brûler le café, quatre petits sacs de peau pour mettre le café, thé, sucre & chocolat ; un sac pour faire manger l’avoine, &c. On trouvera dans l’autre boîte, briquet, pierre à fusil, amadou, bougie ; boîte à encre, chandelier, mouchettes, un étui fourni de plusieurs fils ou soies, aiguilles, épingles, dé à coudre, &c. un grand fer à friser & un petit à toupet, rasoir, savonnette, cuir pour le ravoir, ciseau & peigne. On peut faire chauffer l’eau pour se raser, par le moyen de la théière du premier coffre, plus pommade liquide, pommade forte, poudre à poudrer au moins demi-livre, avec une loupe, un miroir de suffisante grandeur, vergette & décrottoir ; papier, plumes, canif, sablier, cachet, cire ou pains à cacheter, une équerre, une règle, un compas, un pied de Roi, un plomb à niveler, boîte à poudre, à tirer, pierre à fusil, tire-bourre, pierre à lever les taches, alène pour accommoder, dans le besoin, botte, sangles ou courroies, un marteau, bergerettes, tenailles, clous à ferrer le cheval, fers à tout chevaux ; une pipe, du tabac à fumer &c. Tout ce que l'on vient de détailler est renfermé dans deux coffres fermant à clefs, que l’on met dans une sacoche ordinaire ; ils ont en longueur 10 pouces & demi, en largeur 7 pouces, en hauteur 4 pouces ; les sacoches qui les renferment, se peuvent passer facilement & s’ôter dans l’instant par le moyen de deux crochets. »
Mercure de France, 1er octobre 1757
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