Victoria
(Belgique)
Cette biscuiterie-chocolaterie fut créée en 1896, sur le Plateau de Kœkelberg (Bruxelles), par trois pâtissiers bruxellois, Charles Jeghers*, Émile Bossaert** et Joseph Carlier. Baptisée du nom de la reine d’Angleterre, car l’objectif premier de ses fondateurs était de fabriquer des biscuits anglais en Belgique, elle compta, parmi ses produits phares, le Petit Belge, biscuit de bonne conservation qui n’était pas sans évoquer le Petit-Beurre. Cet établissement de Kœkelberg obtint en 1908 l’autorisation officielle d’installer une chocolaterie, moyennant certains aménagements préservant l’environnement, et, dès l’année suivante, fabriqua ses premiers chocolats. La marque Chocolat de l’Avenir fut déposée dès ces débuts. La gamme de produits fut d’abord modeste par rapport à celle de biscuits. Elle allait se diversifier peu à peu, sans, toutefois, se différencier de celle de la concurrence. Chocolat vanillé à cuire, chocolat de ménage, chocolat fondant, chocolat aux amandes, etc. Le Chocolat Victoria se vendait en blocs, en boîtes (plaques superposées) et en paquets (plusieurs tablettes). Pendant les années de la Grande Guerre, les Tablettes des Princes (10, 20 et 50 g), sur l’emballage desquelles figuraient les trois enfants du roi Albert ier, proposaient plusieurs qualités. Ce qui n’empêchait pas la Manufacture de chocolats Victoria-Bruxelles de fabriquer des chocolats à façon pour d’autres maisons (chocolaterie A. Honin, de Liège, par ex.). D’autre part, en cette période de turbulences, elle pratiqua une politique sociale remarquable (caisse de chômage, caisse d’alimentation, caisse de retraite et de vie chère) et connut une prospérité sans heurt (agrandissement de l’usine, modernisation des équipements). Après la Grande Guerre, elle ouvrit une usine en France, à Palaiseau***. En 1937, elle ajouta un département confiserie-dragerie à son activité. Son ascension atteignit son summum lors de l’Exposition Universelle de Bruxelles, en 1958. Mais elle allait être rachetée en 1969 par Gebeco, et l’usine de Kœkelberg ferma en 1970.
Parallèlement à cette évolution, la biscuiterie Victoria, de Bruxelles, créa à Dordrecht (Pays-Bas), en 1904, pour faire face aux mesures protectionnistes hollandaises, l’« atelier de Redelé », dirigé par Julien Charles Redelé (fabrication) et Andries Joannes ten Hope (vente). Ce fut l’embryon de Victoria-Hollande, qui, en 1916, devint une société anonyme indépendante, et, en 1927, se dota d’une chocolaterie. En 1938, un accord de collaboration fut signé par Victoria-Hollande et la chocolaterie suisse Lindt & Sprüngli, permettant la fabrication et la vente sous licence du chocolat Lindt au Benelux. En 1957, elle se lança dans la production d’articles glacés. En 1966, Victoria-Hollande (Dordrecht) fit son entrée dans le consortium de la General Biscuit (voir De Beukelaer). Son développement se poursuivit : ses usines occupaient 23 500 m2 en 1969. Le site devait être abandonné en 1981 pour une nouvelle usine sur la Dordtse Kil.
Parmi ses produits chocolatés : les tablettes chocolat fondant, lait-noisettes, au lait ou blanc ; les bouchées ; des bâtons de toutes sortes ; des assortiments de chocolats ; des biscuits enrobés (Prince, etc.) ; etc.
* Il mourut en 1906.
** L’histoire de la famille Bossaert est étroitement liée à celle de cette biscuiterie-chocolaterie. Administrateur-délégué,Émile Bossaert fut bourgmestre de Kœkelberg jusqu’en 1921, année où il mourut d’une attaque. Son fils Maurice, jeune directeur exécutif dans l’entreprise, avait été tué au front en 1915. Son autre fils Oscar, qui avait succédé à Maurice en 1916, lui succéda comme administrateur-délégué. Il devait mourir en 1956, après avoir été bourgmestre de Kœkelberg, sénateur et ministre des Classes moyennes. Le fils aîné d’Oscar, Maurice Bossaert, fut directeur du siège bruxellois de la firme ; il disparut à l’âge de vingt-cinq ans, en 1945. Le plus jeune fils d’Oscar, Paul, prit les rênes de l’entreprise à la mort de son père.
*** Cette « succursale », Chocolaterie-Confiserie Victoria, créée par la Manufacture des Biscuits et Desserts Victoria, fut constituée en société anonyme en 1925. Son usine de Palaiseau fut détruite en 1944 et transférée à Boulogne-sur-Seine. Elle fut liquidée en 1959.
La publicité
Si la firme Victoria émit de nombreuses chromos entre 1896 et 1903 (plus de quarante séries), ce fut pour ses biscuits. En revanche, les Tablettes des Princes allaient permettre d’obtenir album et chromos (quelque 300 en 16 séries). La chocolaterie prit pour emblème la silhouette d’un queen’s guard britannique, martelant un tambour tout en marchant d’un pas rigide. Elle édita, notamment, des images (6,5 x 9,5 cm) consacrées aux Voyages de Gulliver, de Jonathan Swift ; un album les regroupe. Vers 1920, la firme conçut un petit camion de livraison, en tôle lithographiée, dans l’esprit des jouets d’alors. Par ailleurs, dans les années 1950, elle diffusa le timbre Tintin.
Nous sont parvenues de nombreuses boîtes en tôle lithographiée (cacao en poudre, chocolats). Les premières furent fabriquées à l’époque où la Belgique hérita du Congo.
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