Congo (Congo-Brazzaville)
Indépendant depuis 1960, cet état d’Afrique centrale, qui s’étend du 4° latitude Nord au 5° latitude sud, avec une ouverture de 120 km sur l’océan Atlantique, produit de moins en moins de cacao. Les régions propices à cette culture sont, à l’extrême-sud, le massif du Mayumbe, qui domine la plaine littorale, et, surtout, la vallée de la Sangha.
1980
La cacaoculture y fut encouragée par les résultats obtenus à Saõ Tomé. Des importations de variétés de choix intervinrent dès 1898. Les premières cultures du Jardin d’essais de Libreville furent faites au sud du pays, au bord du lac Cayo. Au tournant du XXe siècle, la plantation de Cayo produisait, mais n’avait pas atteint son plein rendement. Comme l’écrit alors Henry Jumelle, « Les cacaos du Congo français proviennent surtout actuellement des plantations Armor et Ancel-Seitz, ainsi que de la maison hollandaise du lac Cayo. La Société du Bas-Ogooué en exportera sans doute aussi prochainement. Au Havre, en juin 1899, ces cacaos du Congo valaient 102 et 110 les 50 kilogs. / Les cacaos Armor que nous avons vus sont à fèves très petites (20 millimètres de longueur, 10 millimètres de largeur, 6 millimètres d’épaisseur), plates, à coque brun noirâtre, assez épaisse et adhérente ; la chair est gris ardoisé. Ces cacaos, dont le premier envoi ne date que de 1898, sont, paraît-il, très appréciés sur la place du Havre. / Les cacaos Ancel-Seitz sont à fèves plus grosses et un peu plus bombées, allongées, à coque terreuse, brun noirâtre ; la chair est brun grisâtre. / Les cacaos du lac Cayo sont plus gros encore (25 millimètres de longueur, 13 millimètres de largeur, 7 millimètres d’épaisseur), plats, allongés, à coque brun clair, à chair brun grisâtre. 14.000 kilogrammes de ces cacaos ont été exportés l’année dernière. / Nous avons également examiné des cacaos étiquetés au Musée de Marseille sous le nom de cacaos du cap Lopez et des cacaos du Jardin d’essai de Libreville. / Les cacaos du cap Lopez sont petits, longs, très étroits et plats (22 millimètres de longueur, 11 millimètres de largeur, 4 millimètres d’épaisseur) ; la coque et la chair sont brunes. / Les cacaos obtenus au jardin d’essai de Libreville sont ovales, aplatis, à coque terreuse et brun noirâtre. La chair est gris ardoisé, d’odeur et de saveur assez agréables. Beaucoup de cacaos des Antilles ont certainement une saveur plus amère. »
La zone cacaoyère du Nord-Congo prolonge, au-delà d’une forêt équatoriale d’une centaine de kilomètres, la zone cacaoyère du Sud-Cameroun. C’est, d’ailleurs, à partir du Cameroun que la cacaoculture fut introduite dans cette région de la Sangha, notamment dans les districts de Souanké et de Sembé. Comme l’explique J. F. Vincent (1), le cacao est passé du Cameroun au Congo grâce à un vecteur ethnique, des Fang du Sud-Cameroun aux populations influencées par le groupe Fang : en 1933-1935, des Djem de Souanké plantèrent des fèves de cacao rapportées du Cameroun ; vers 1947, des Djem établirent des plantations sur la route de Lomié à Souanké avec des fèves obtenues des Maka stricto sensu de la région d’Abong-Mbang. La production allait passer de 7 t en 1952 à 700 t en 1960. Cependant, après avoir repris la mise en valeur de l’Afrique équatoriale au cours de la seconde moitié des années 1930 et avoir développé les cultures d’exportation, comme le cacao (en Likouala-Mossaka), l’administration coloniale se désintéressa, au début des années 1950, du domaine cacaoyer. « Au début par manque d’information, ensuite parce que la compagnie coloniale de plantation (C.F.H.B.C., Compagnie française du Haut et Bas Congo) est défavorable au phénomène (crainte de voir ses terres de Ouesso revendiquées par les habitants pour le cacao, crainte de manquer de main-d’œuvre pour ses plantations de palmiers à huile ?). Par la suite, cette opposition disparaît (parce que les sols de Ouesso y étant assez défavorables, la C.F.H.B.C a peu de chance de voir le cacao se développer dans sa zone de domination ?). », commente Cl. Robineau (2). À cela s’ajoutaient les difficultés d’évacuer le cacao, en l’absence de société privée de commercialisation et compte tenu de l’état du réseau routier — aucune voie moderne d’évacuation vers le Nord, une seule voie possible vers Pointe-Noire. L’essor de la production après 1960 stigmatisa l’importance de ce dernier problème et mit en évidence, au regard de la chute des cours mondiaux, la nécessité pour l’État de subventionner la production. À cette époque, deux autres graves problèmes se posèrent : le mauvais entretien des plantations et le développement des capsides du cacaoyer. Au milieu des années 1960, le déplacement progressif de la production du district de Souanké vers celui de Sembé et vers la cuvette congolaise, où les sols se révélèrent plus favorables, devait favoriser l’extension de la zone cacaoyère et une augmentation des rendements.
(1) La culture du cacao et son retentissement social dans la région de Souanké, Brazzaville, Commissariat au Plan, Mission d’études dans la cuvette congolaise et ORSTOM, multigraph., 1961. Cité par Cl. Robineau, Cacao, État et paysans dans la République Populaire du Congo, dans cirad 1987 États, Développement, Paysans, Actes du Colloque CIRAD-MESRU, septembre 1985.
(2) Cacao, État et paysans dans la République Populaire du Congo, dans CIRAD 1987 États, Développement, Paysans, Actes du Colloque CIRAD-MESRU, septembre 1985.
1980
Aujourd’hui, le secteur cacaoyer est à l’abandon depuis le début des années 1990. Suite à la liquidation de l’Office congolais du Café et du Cacao, entreprise étatique chargée de la commercialisation de ces produits, les producteurs abandonnèrent leurs plantations, faute d’acheteurs. Une telle situation affecta surtout, au nord du pays, les départements de la Likouala et la Sangha, qui fournissaient plus de 70 % de la production nationale de café et de cacao. Toutefois, un renouveau se dessine… Le début du xxie siècle a vu naître des tentatives de réhabilitation de la filière cacao. En 2008, le gouvernement a lancé un Projet de Développement Agricole et de Réhabilitation des Pistes agricoles (PDARP), cofinancé par un don de l’Association Internationale de Développement (IDA), incitant, notamment, les populations rurales à s’intéresser de nouveau aux cultures de rente. L’objectif en est d’aider les paysans, tant pour la production que pour la commercialisation, et d’améliorer les techniques agricoles pour obtenir de meilleurs rendements. La production de cacao 2010 dans le département de la Likouala enregistra 400 tonnes, contre 49 tonnes en 2009. D’autre part, la relance de la cacaoculture au Nord-Congo (départements de la Sangha, de la Likouala, et de la Cuvette) est appuyée par un programme développé par la Congolaise Industrielle des Bois (CIB), filiale du groupe singapourien Olam, en partenariat avec le gouvernement congolais — un protocole a été signé en 2012. Ce programme couvre encadrement technique des planteurs, octroi de matériel et de jeunes plants, crédits dits « de campagne », etc — la qualité moyenne du cacao s’explique par le vieillissement des plantations et des techniques de séchage. Dans ce contexte de relance, le port de Pointe-Noire est la seule porte de sortie du cacao congolais.
Congo : production de cacao
en milliers de tonnes
1960-61 0,900
1961-62 0,630
1962-63 0,800
1963-64 1,100
1964-65 0,800
1965-66 0,877
1966-67 1,144 1967-68 1,288
1968-69 1,195
1969-70 1,344
1970-71 2,026
1971-72 2,146
1972-73 2,114
1973-74 2,422
1974-75 2,912
1975-76 2,332
1976-77 3,021
1977-78 2,275
1978-79 2,772
1979-80 2,334
1980-81 2,214
1981-82 2,492
1982-83 1,588
1983-84 1,864 1984-85 1,845
1985-86 1,842
1986-87 1,751
1987-88 1,611
1988-89 1,994
1989-90 2,115
1990-91 2,188
1991-92 2,263
1992-93 2,341
1993-94 2,423
1994-95 2,507
1995-96 1,858
1996-97 1,875
1997-98 1,900
1998-99 1,331
1999-2000 1,304
2000-01 1,278
2001-02 1,253
2002-03 1,000
2003-04 1,000
2004-05 0,800
2005-06 0,800
2006-07 0,700
2007-08 0,927
2008-09 0,800
2009-10 1,200
2010-11 1,000 2011-12 ???
2012-13 ???
(Source : FAO.)