Lanvin
(France)
En 1912, confronté à une concurrence croissante, Auguste Lanvin, fabricant de sucre dans le Nord, décida de démonter son usine et de la transporter, par voie fluviale, en Bourgogne, où il la remonta à Brazey-en-Plaine (Côte-d’Or). La Sucrerie Bourguignonne, où allaient travailler quatre des cinq fils d’Auguste (qui eut sept enfants), connut une intense activité. Au sortir de la Grande Guerre, en 1921, elle fit l’acquisition d’une petite chocolaterie de Dijon (67, rue Chabot-Charny), appartenant à la famille suisse Burrus ; c’était, au départ, plus une volonté d’investir que de fabriquer du chocolat. La société anonyme formée, dirigée par Auguste Lanvin, prit nom de Sucrerie Bourguignonne et Chocolaterie A. Lanvin Réunies. L’usine de Brazey fournissait le sucre à la chocolaterie. Laquelle, avec ses neuf ouvriers, fabriquait, chaque jour, quelque deux tonnes de chocolat, dont 300 kg transformés en poudre et le reste en tablettes. Cette production, destinée essentiellement au marché local, portait, notamment, les marques « Omnia » et « Montbla », mais aussi, avec une connotation régionale, « Chocolat Dijonnais », « Chocolat de Côte-D’Or », « Chocolat de Bourgogne ».
L'entreprise prit rapidement de l’expansion sous la direction de Pierre Lanvin, fils d’Auguste, qui la dirigea de main de maître à partir de 1926, et elle fut transférée sur un site plus adapté, du numéro 10 au numéro 16 du boulevard Carnot. En quelques mois, elle passa de 200 à 400 ouvriers… Une publicité bien ciblée lui permit de se faire connaître hors de la région. Au cours des années qui suivirent, elle évolua peu à peu du stade artisanal au stade industriel, même si, manquant de fèves de cacao durant la Seconde guerre mondiale, elle dut se contenter de produire des confiseries et quelques tablettes de chocolat rationnées. En 1946, la Sucrerie Bourguignonne devint une filiale de la chocolaterie Lanvin S. A. (1) Les années 1950 virent cette dernière se moderniser et se doter de plusieurs dépôts en France. Puis, en 1965, la chocolaterie passa entre les mains du fils de Pierre, Étienne. Avec 6 à 8 % du marché français, voire presque 20 % au moment des fêtes de fin d’année, son avenir semblait assuré, d'autant qu'en 1967, elle lança un important programme de constructions industrielles au nord de Dijon. Mais elle allait péricliter sous les effets de la crise de la fin des années 1970 et fut rachetée en 1977 par le groupe britannique Rowntree Mackintosh. Ses lignes de production accueillirent alors de nouveaux produits (Quality Street en 1982, etc.). La reprise, en 1988, de Rowntree Mackintosh par le groupe Nestlé généra un développement et une modernisation considérables du site avec l'implantation d'activités nouvelles (barres chocolatées et barres céréalières, par ex.). Cependant, si Nestlé conserva sous sa coupe la marque Lanvin, le site de Dijon allait être cédé en 2007 au groupe Barry-Callebaut, qui concentra sa production sur la chocolaterie industrielle, loin de la destination première de cette chocolaterie.
Sa production comportait les divers chocolats en tablettes (« de ménage », « à croquer », « fondant », au lait, au lait aux noisettes entières, fourré à la crème), toute la gamme des bâtonnages, les bouchées, les rochers, les pralinoffs et nougatoffs, le cacao sucré, les articles de Pâques et de Noël, ainsi que des bonbons. Mais sa renommée dut aussi beaucoup à ses spécialités, Les Griottes au kirschet, surtout, Les Escargots de Bourgogne, lancés en 1935 par Pierre Lanvin, qui, en 1934, eut l’idée d’un moule à charnière en forme d’escargot. Ces chocolats sont constitués d’un praliné amandes-noisettes sous une fine coquille de chocolat au lait, noir ou blanc (2).
(1) Elle devait arrêter son activité après la campagne 1961-1962. L’usine fut reprise, sous forme de fusion, par la Sucrerie-Raffinerie de Chalon-sur-Saône ; la nouvelle société fut baptisée Les Sucreries de Bourgogne.
(2) Lorsque la marque se retrouva au sein de RowntreeMackintosh, d’autres escargots virent le jour : l’Escargotin (1986), proposé dans une boîte octogonale dorée ; l’Escargot (1988), enrobé de chocolat noir ; les Escargots à la truffe (1989).
Fabrique du boulevard Carnot, 1973.
La publicité
Plaque émaillée bombée, illustrée de l'Avion de Nungesser et Coli. Emaillerie Alsacienne de Strasbourg. 44,9 x 24,6 cm.
Copyright Annie Perrier-Robert © Tous droits réservés.
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