Majani
(Italie)
Cette chocolaterie fut créée en 1796, à Bologne, près de la basilique San Petronio, par Giuseppe Majani et son épouse, Teresa Menarini. Leur fils Francesco (1794-1865) laissa, à travers son journal détaillé, un précieux témoignage sur l’histoire de l’entreprise à l’époque*. Leur fils Aldo donna au Laboratorio delle Cose Dolci l’impulsion décisive, grâce à son esprit entreprenant. En 1830, cette maison de chocolat et de confiserie s’installa sur quelque 5 000 m2 au cœur de la ville, aux 5-7 via Trebo Carbonesi ; on la surnomma alors « Palazzo Majani ». En 1856, alors que l’Italie était encore divisée en duchés, Giuseppe obtint du Vatican un passeport pour se rendre à Turin où il fit l’acquisition du matériel le plus performant. Quelques années plus tard, l’entreprise était équipée à la vapeur. Elle remporta plusieurs récompenses lors des grandes expositions internationales (Paris, 1867 et 1878 ; Vienne, 1873 ; Milan, 1881). Promue en 1856 fournisseur officiel de la maison royale de Savoie, elle fut autorisée en 1878, par Umberto Ier, roi d’Italie, à arborer le blason royal sur sa façade. La chocolaterie compta dans sa clientèle nombre de personnalités de l’époque (Giosuè Carducci, Guglielmo Marconi, Eleonora Duse, Arrigo Boito, etc.). En 1908, elle occupait sur la via Indipendenza un magnifique bâtiment Art Nouveau conçu par Augusto Sezanne. Rendez-vous de la haute société bolognaise à la Belle Époque, elle devait le rester au cours des décennies qui suivirent. D’autant que, mis au point et commercialisé en 1911 — pour le lancement de l’automobile Tipo 4** —, le Cremlino Fiat, petit cube constitué de quatre couches alternées (deux de gianduja et deux de chocolat aux amandes), connut un succés immédiat et se fit d’aussi célèbres adeptes que Gabriele d’Annunzio.
Au sortir des problèmes générés par le second conflit mondial, la fabrication réintégra le Palazzo Majani, via Carbonesi, ce qui entrava, semble-t-il, l’essor de la firme et faillit la faire perdre à la famille, laquelle en reprit un contrôle total en 1952, grâce à Francesco Mezzadri Majani et à sa mère, Anna. Aujourd’hui, la production est assurée à Crespellano, à la périphérie de Bologne. Spécialisée dans les chocolats fins, la chocolaterie est restée fidèle à ses spécialités. Le Creminose décline en versions Classico (quatre couches), Extra noir, Noir, al Latte et Caffè. Autre produit phare, créé en 1832, la Scorza est un bâton de chocolat, qui aurait été, dit-on, le premier à avoir été produit en Italie.
Si Giuseppe Majani fut l’un des premiers à fabriquer le chocolat en Italie, il fut aussi un précurseur en matière de publicité. À la fin du XIXe siècle, une publicité contribua particulièrement à sa notoriété : le premier ministre et d’importants hommes politiques de l’époque (Crispi, Giolitti, Cavallotti, Zanardelli, etc.), installés autour d’une table, commentent les qualités du chocolat Majani. À la question qui leur est posée : « Comment trouvez-vous, honorables collègues, le chocolat Majani ? » (Come trovate voi onorevoli colleghi la cioccolata Majani ?), chacun répond à son tour : « Squisita, buonissima, gustosa, perfetta, deliziosa».
* Il fut édité en 2003 par les Éditions Marsilio, avec des commentaires du professeur Angelo Varni.
** La firme Fiat organisa alors un concours invitant les chocolatiers italiens à créer un nouveau bonbon. Et Majani le remporta.
Coll. A. P.-R.
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